Parure naturelle et vivante laissant éclater leurs couleurs, les couronnes de fleurs ornent les visages des polynésiennes et des polynésiens en de maintes occasions. Portées déjà dans les temps anciens par les habitants de nos îles, ces délicates créations continuent aujourd’hui à fleurir plus actuelles que jamais. Découverte de cet art.

La Polynésie française est un Eden végétal tant les variétés de fleurs, d’arbres fruitiers et de plantes y abondent. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les nombreux jardins aux abords des routes. En arrivant en Polynésie française par l’aéroport de Tahiti Faa’a et, ensuite, en voyageant dans nos îles, résidents ou voyageurs se voient offrir, quasi immanquablement, une fleur de Tiare Tahiti à porter sur l’oreille et un collier de fleurs, la marque traditionnelle de bienvenue. Le passager, fraîchement arrivé de lointaines contrées, pourra légitimement s’étonner que l’on s’apprête aussi couramment de fleurs, en de nombreuses occasions et de diverses manières. Parmi les nombreux ornements floraux polynésiens, les plus saisissants sont sans aucun doute ces couronnes de fleurs qui illustrent de manière merveilleuse et colorée l’une des multiples facettes de l’art de vivre polynésien.

Une longue tradition

Il est aujourd’hui difficile de connaitre l’origine exacte d’une telle tradition dans la société polynésienne avant les contacts et l’installation des colonisateurs européens, au tout début du XIXe siècle. Dans cette société traditionnelle, utilisant l’oral pour la transmission des connaissances et des savoirs, peu de traces et témoignages précis nous sont parvenus sur cette pratique.

Cependant, plus près de nous, en interrogeant les “anciens”, les matahiapo en Tahitien, on apprend qu’à l’époque de leurs grands-parents, polynésiennes et polynésiens avaient pour habitude d’accueillir les bateaux, alors unique moyen de desserte de la Polynésie française, et leurs passagers en se couronnant de belles parures de fougères, appelée Hei ‘aihere, “Hei” signifiant “couronne” et “ ’aihere”,  la brousse ou la verdure, en tahitien.

Sur des photos anciennes, on peut également noter la présence de cette typique couronne de pandanus, appelée Hei pae’ore, haute de 10 à 25cm. Sa renommée s’est construite lors des premières élections de Miss Tahiti, au tout début des années 1960. La représentante de la beauté polynésienne recevait alors son écharpe et, en guise de diadème, une magnifique couronne de fleurs ou de fougères, la distinguant des candidates. Imposante et belle, cette élégante couronne naturelle mettait superbement en valeur la personne qui la portait.

Plus tard, d’autres variétés de fleurs sont venues agrémenter de couleurs et de senteurs ces parures ancestrales, parmi lesquelles la célèbre Tiare Tahiti, fleur emblématique de la Polynésie française. On désignait alors ces ouvrages de l’appellation de “couronnes sauvages”, Hei Tāviri, en tahitien. Sur la même inspiration que les couronnes de pandanus, celles-ci étaient également préparées sur mesure.