Le taro, «Roi des racines»

«Pas de ma’a Tahiti sans taro», pas de repas traditionnel sans taro !

Facile à cultiver, le taro constitue également une ressource économique essentielle en Polynésie où 638 tonnes ont été produites en 2006. La majorité constitue la consommation locale, vendue en grands magasins, sur les marchés mais aussi sur les bords des routes. Outre les plantations à grande échelle réparties dans les archipels des Marquises, des Australes et de la Société, de nombreuses familles polynésiennes cultivent encore le taro. Dans leur fa’apu, petit jardin ou cultures familiales, la récolte du taro se fait toute l’année. Elle permet de nourrir toute la famille, et de vendre le surplus. Dans les Australes notamment, il constitue une ressource essentielle. Le climat humide et plus frais que dans le reste de la Polynésie a favorisé son développement. Plus encore que dans les autres archipels polynésiens, le taro tient une place prépondérante dans la vie des Australes. Les anciennes recettes, valeurs sûres de la cuisine polynésienne, subsistent. La majorité des Polynésiens n’imaginent pas leur repas autrement : «Pas de ma’a Tahiti sans taro», pas de repas traditionnel sans taro ! La plupart du temps, le légume est acheté entier. Puis il est épluché et ensuite, débarrassé de ses tiges et de ses feuilles. La chair, d’une couleur crème à rose est bouillie longuement pour la ramollir, certaines variétés étant très dures. Le taro trouve encore parfois sa place dans le ahima’a, four tahitien. Une fois cuit, il est coupé en cubes ou en tranches et accompagne à merveille tous les plats de viandes et de poissons. Le popoi, taro écrasé jusqu’à l’obtention d’une pâte qui se conserve plusieurs semaines, est une des préparations les plus anciennes. On raconte d’ailleurs qu’un navigateur étranger, perdu au large de l’archipel des Marquises aurait survécu grâce à cette recette. Outre cette légende, ce sont avant tout ses qualités nutritionnelles exceptionnelles qui font du taro une véritable fierté locale. Certains Polynésiens n’hésiteront pas à vous parler des grands guerriers qui mangeaient du taro avant de combattre.

“Nos îles polynésiennes abritent près de 29 espèces différentes de taro”

Les Marquisiens, paraît-il, étaient plus fort que les Paumotu, parce qu’ils avaient le précieux tubercule ! Aujourd’hui, les équipages de pirogues, à l’image des anciens navigateurs en font encore l’un de leurs aliments de prédilection les veilles de compétitions. Mais c’est l’ensemble des Polynésiens qui continuent de mettre le taro à l’honneur. Loin de disparaître face au diktats de la grande consommation et du fast-food, le taro s’adapte. Les frites de taro, au goût légèrement sucré sont désormais courantes.
A l’image de la patate douce qui a investi les livres de recettes et les cuisines des chefs du monde entier, le taro commence son aventure dans la cuisine moderne. En purée, en velouté ou en beignet, il fait peau neuve. De Tahiti à la Nouvelle Calédonie, le taro inspire et se décline. Dans les familles aussi, chacun a sa recette de taro : tranche de taro au miel, taro grenadine. A la table du dimanche, le taro a encore de belle heures devant lui.

Marie olivia rocca

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