Des cinq archipels de la Polynésie française, les australes sont sans doute celui où l’artisanat traditionnel est le plus vivant. Après l’agriculture, c’est même l’une des activités économiques principales pour ses habitants.

Et chacune des cinq îles de l’archipel possède ses traditions, ses spécialités et ses savoir-faire, transmis de génération en génération. une véritable richesse aux mains des femmes qui représentent l’immense majorité des artisans. Ces femmes, ce sont les “mamas”, comme elles sont appelées ici. Elles sont réunies au sein de 84 associations regroupant environ 1 000 artisans dans cet archipel qui compte 6 000 habitants. Rencontre avec les mamas de tubai et rurutu.

“ Ceci, c’est beaucoup de travail”

Elles sont levées depuis l’aube. Le ménage est déjà fait à la maison, les enfants déposés à l’école. Il leur reste la matinée pour se retrouver au fare artisanat de la place de Mataura. Car c’est ici que les “mamas” de Tubuai exposent leurs objets. Dans leurs doigts de fée, les bijoux en coquillages, les colliers de graines, les objets tressés en fibre de cocotier (niau) ou avec des feuilles de pandanus, prennent forme. Ces savoir-faire se transmettent de mère en fille, et ce depuis des générations. Si Tehea est passionnée par la bijouterie d’art, Micheline adore confectionner des colliers en graines, Rereao se consacre aux colliers de coquillages tandis que Teupoo aime tresser le pandanus, comme Victoire qui maîtrise aussi la confection de coussins tifaifai. Mais comme le précise Victoire, “tout ceci, c’est beaucoup de travail”. Pour m’en donner la preuve, elle m’invite à l’arrière de sa maison, dans son jardin. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin.

“Quand la mer est agitée, les mamas se tournent vers la terre.
La végétation de Tubuai possède une richesse qui ne leur échappe pas”